La relation des aînés à l’alcool au cœur de nos préoccupations.

La consommation chez les aînés

Les aînés ne constituent pas un groupe homogène. À l’instar de la population en général, la consommation chez les aînés varie en fonction de l’âge, du genre, du statut socioéconomique et d’autres paramètres démographiques.

En fonction de l’âge

Contrairement aux générations précédentes, les babyboomers québécois ont grandi dans une culture de grande acceptation sociale de la consommation d’alcool. La proportion d’aînés consommant beaucoup et même trop d’alcool pourrait ainsi augmenter au cours des prochaines années.

En fonction du genre

Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à trop consommer d’alcool. Par exemple, en 2018, en ce qui a trait à la consommation abusive, 12,3 % des aînés québécois disaient avoir consommé plus de 5 verres en une même occasion, au moins une fois par mois, au cours de la dernière année, alors que seulement 6,2 % des femmes de plus de 65 ans auraient consommé plus de 4 verres dans la même situation.

En fonction du statut socioéconomique

Selon certaines sources récentes, les plus nantis de la société sont ceux qui affichent le plus haut niveau de consommation d’alcool. Au Québec, la proportion de personnes qui consomment de l’alcool de façon abusive augmente en fonction du revenu. La proportion est de 13,2 % chez les buveurs qui ont le plus faible revenu et de 24,8 % chez ceux qui ont le revenu le plus élevé.

Dépistage et consommation abusive

Au Québec, les plus récentes données indiquent que 16 % des personnes de 65 ans et plus (ou un aîné sur 6) ont bu de façon excessive au moins une fois par mois dans la dernière année. Une étude de 2012 soutient que 0,6 % des Canadiens de plus de 65 ans ont présenté des signes d’abus ou de dépendance à l’alcool au cours des 12 mois précédant l’enquête.

Plusieurs experts pensent que le nombre d’aînés ayant des problèmes d’alcool est probablement beaucoup plus élevé que ce qu’indiquent les recherches. Si on semble sous-estimer le nombre de problèmes liés à l’alcool dans tous les groupes d’âge, ce serait d’autant plus vrai chez les aînés.

Difficile identification des problèmes de consommation

Les conséquences d’une consommation abusive d’alcool – dégradation de l’état de santé, repli sur soi, pertes de mémoire, dépression, insomnie, chutes, problèmes de digestion, perte d’appétit et angoisses – sont parfois diagnostiquées comme étant les conséquences d’une maladie ou tout simplement du vieillissement.

La consommation abusive ou dangereuse

Certains évènements sociaux peuvent provoquer une consommation abusive d’alcool alors que des situations de vie spécifiques aux aînés peuvent causer une consommation dangereuse d’alcool.

La retraite

Certains aînés accueillent la retraite avec grand plaisir, mais pour qui n’a jamais développé d’intérêts ou de réseau à l’extérieur du travail, la retraite devient synonyme de plusieurs pertes : la routine, les collègues, une activité à accomplir, un salaire, un sentiment d’utilité, etc. Le travail était ce qui, depuis longtemps, donnait un sens, un but et une structure à leur vie.

Liens sociaux et familiaux

Les enfants quittent la maison, un conjoint ou des amis meurent, le cercle de liens se rétrécit. Les problèmes physiques limitent la mobilité des aînés. Ces évènements peuvent accentuer un sentiment d’isolement et de solitude qui devient intolérable. Contrairement aux plus jeunes qui s’initient souvent à l’alcool avec leurs amis, les aînés boivent parce qu’elles se sentent seules.

Santé

Perdre la santé peut créer du stress, en limitant la mobilité et en engendrant une image de soi négative. L’alcool peut alors être utilisé pour oublier la peine associée à cette perte de capacités physiques.

Autres facteurs

D’autres facteurs peuvent expliquer pourquoi certains aînés, contrairement à d’autres, réagissent à certaines circonstances en augmentant leur consommation d’alcool. En voici quelques-uns :

  • boire de l’alcool pour mieux s’adapter à des évènements difficiles;
  • ne pas connaître d’autres stratégies d’adaptation que l’alcool;
  • ne pas avoir de réseaux sociaux;
  • vivre seul, demeurer isolé;
  • avoir eu dans le passé une consommation d’alcool problématique.

Recommandations d’Éduc’alcool

La surconsommation d’alcool est source de souffrance, peu importe l’âge. Vouloir préserver la dignité et le bienêtre d’une personne âgée, c’est se préoccuper d’un éventuel problème lié à l’alcool plutôt que de l’ignorer.

Être sur ses gardes

Parce que le changement des proportions des masses liquide et graisseuse ainsi que le ralentissement du métabolisme des aînés provoquent une alcoolémie plus élevée à quantités d’alcool égales et à poids égaux, Éduc’alcool recommande aux personnes de plus de 65 ans d’être attentives aux effets de l’alcool sur leur organisme et de réduire leur consommation en conséquence.

Les médicaments et l’alcool

Parce que la polypharmacie est courante chez les aînés et que les interactions entre l’alcool et les médicaments sont fréquentes, Éduc’alcool recommande aux personnes de plus de 65 ans, lors de l’acquisition de tout médicament d’ordonnance, de se renseigner systématiquement auprès d’un médecin ou d’un pharmacien sur les interactions et les incompatibilités possibles entre ce médicament et la consommation d’alcool.

L’entourage des aînés

Parce que les aînés constituent un groupe fortement à risque de consommer de l’alcool de façon dangereuse – de manière non intentionnelle – et qu’un tel problème peut se cacher sous des symptômes généralement attribués au vieillissement, Éduc’alcool recommande que l’entourage – famille, proches, amis, médecins et professionnels de la santé – des personnes de plus de 65 ans soit informé, vigilant et soucieux d’intervenir.

L’alcool et les aînés